Vous avez aimé “The Artist”. Voici “The Figurants”, deux acteurs jamais nominés, jamais rappelés, bavards et chantants. Bref, aucun rapport.
Auteur : Christian Dupouy
Avec Luc Carpentier et Christian Dupouy
Mise en scène : Luc Carpentier et Christian Dupouy
Costumes : Annick Mordo et Patrick Loin.
Voix-off : Antoine Landon
Durée 1h20
Voici d’ailleurs la recette de « The Figurants », l’histoire de deux figurants qui eux, ne firent jamais recette :
Prenez un bon huis clos dans lequel vous incorporez, deux personnages d’acteurs ratés, égocentriques et narcissiques (si la date limite de ringardise est dépassée, ce ne sera que mieux). N’essayez pas de les mélanger afin d’obtenir une pâte homogène, vous n’y arriverez pas.
Pour donner du liant, ajoutez plutôt une bonne dose de chansons en tout genre que vous aurez pris soin au préalable de parodier à la mode Versatile.
Saupoudrez d’une généreuse pincée d’humour et d’autodérision sans oublier un zeste d’émotion. Laissez mijoter jusqu’à ce que la sauce prenne et servez bouillant … ou tout cru.
Spectacle musical de Christian Dupouy, mise en scène et interprétée par Luc Carpentier et Christian Dupouy.
Selon Michel Audiard “un barbu c’est un barbu, et trois barbus c’est des barbouzes”. Au nombre de deux, ce sont les acolytes et joyeux drilles de la Compagnie Les 3 Versatiles en format “double-messieurs” et à l’affiche de “The Figurants”
Leurs portraits façon Studio Harcourt trônant sur chevalet donnent la mesure de l’ego de ces “grands ducs” réduits à faire de la figuration et jouer des productions miteuses.
Force est de constater que, pour l’un, conserver son patronyme – Jean-Paul Belmondi – et, pour l’autre, s’inventer un nom de scène témoin de son humour au second degré – Roger de Nireaux – ne constituent pas une idée de génie pour faire une carrière dans le monde du spectacle.
Acteurs incompris mais surtout, sinon ratés, du moins voués aux rôles de silhouettes, leurs édifiantes carrières sont narrées par une voix-off nasillarde calquée sur celle fameuse du présentateur de l’émission télévisée “Cinéma de minuit”.
Et ils continuent de cachetonner mus par une inconscience candide, un optimisme béat et surtout une confiance aveugle en leur talent, traversés par des instants de lucidité. Ils n’ont pas renoncé au tout aussi hypothétique qu’aléatoire quart d’heure warholien tout en assumant leur “ringard style”.
Coincés dans un studio de cinéma, ils se toisent, se jaugent et font assaut d’un narcissime édifiant pour comparer leurs mérites respectifs. La confrontation en musique et chansons entre l’homo viril – qui rêve de jouer Racine et Tchekhov tout en faisant un grand écart musical entre la chanson “Eurovision” et le hard rock metal – et l’hétéro chochotte – qui se voit en roi de l’opérette et digne successeur de Dario Moreno – ne manque pas de piquant.
Ce troisième spectacle de la compagnie, dont elle livre la recette* mais demeure le mystère du tour de main, est un régal.
Ses membres ont tous gardé de bienheureuses séquelles de leur appartenance à la fameuse troupe des Caramels Fous et calembours, gags, blagues surréalistes, parodies de standards de la chanson et pastiches en tous genres rythment un spectacle qui dérouille les zygomatiques.
Sans décor, mais avec de kitschissimes costumes confectionnés par Annick Mordo et Patrick, les deux protagonistes, Luc Carpentier, le petit qui a du coffre, et Christian Dupouy, le grand qui a de belles gambettes, chantent, dansent, jouent la comédie, se font leur cinéma.
Ils délivrent un two men show parodico-comico-musical déluré et jubilatoire qui comporte de véritables moments d’anthologie tels l’histoire de la renoncule “culcul-la praline” décimée par les pesticides au grand dam de l’arrière petite-fille butineuse de Maya l’abeille, la chanson culte “Piensa en mí” de “Talons aiguilles” de Pedro Almodovar allègrement revisitée, la cariacture de la transsexuelle campée par Terence Stamp dans “Priscilla, folle du désert” et un bel hommage au duo Jacques Brel et Dario Moreno réunis dans “L’Homme de la Mancha”.
Bien évidemment in-dis-pen-sa-ble pour les amoureux du genre et aussi pour les autres car il n’est jamais trop tard pour changer jamais d’avis.
MM
Cette fable autour de la réussite dans le spectacle est bien écrite et bien jouée. Les deux comédiens sont parfaits dans leur personnage et leurs chansons sont ponctuées d’humour et de dérision.
C’est un bon moment de théâtre. A voir.
JP theatre
” Oh Narcisse ! Un comique de situation drôle par son sens de la satire, la caricature joue avec les clichés sans jamais tomber dans la lourdeur. On apprécie l’ironie, la mise en scène, la musique et l’histoire. Un beau spectacle qui ressemble fortement à la vie. ”
” Léger, distrayant, idéal en ces temps sombres ”
The Figurants – ***
Deux figurants – décrits comme « ratés, égocentriques et narcissiques » en voix off – sont enfermés dans un hangar. Ne trouvant pas de solution pour sortir, ils commencent à se raconter leurs vies. Jean-Paul Belmondi, homo viril, aime Racine et Tchekhov alors que Roger de Nireaux, hétéro mou, préfère les one man shows comiques et les chansons populaires. Ce dernier doit d’ailleurs passer un casting pour une comédie musicale sur Dario Moreno et commence à entonner « La marmite »… Après l’avoir laisser finir sa chanson, Jean-Paul lui affirme qu’il n’a pas compris la profondeur du texte et lui suggère une version sur la musique du « Port d’Amsterdam »…
On rit beaucoup dans ce spectacle constitué de parodies de chansons hilarantes, de situations décalées, de jeux de mots approximatifs et d’anecdotes de carrières ratées. Du « ringard style » à la « chanson de la renoncule et de l’arrière-petite-fille de Maya l’Abeille », en passant par des citations de Racine ou de Tchekhov, on suit l’aventure de ces deux comédiens dans un univers délirant. Un spectacle à voir absolument pour les fans d’humour décalé !
Ecrit le 25 décembre 2015 dans les catégories À ne pas manquer !, Comique
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